Cet été, les manchettes ont été dominées par les discussions sur la hausse du prix du bœuf. Certains analystes vont même jusqu’à dire que les consommateurs fidèles sont « responsables » du maintien de prix élevés. Mais si l’histoire n’avait rien à voir avec la faute à blâmer?
Et si, en réalité, cette histoire parlait de résilience, et du rôle essentiel que jouent les consommateurs dans la reprise des industries cycliques?
L’autre côté de la pression sur les prix
Lorsque les chaînes d’approvisionnement se resserrent, que le climat perturbe la production ou que les coûts augmentent, les prix suivent inévitablement. C’est particulièrement vrai dans le secteur agricole, où les producteurs doivent composer avec des cycles pluriannuels façonnés par des facteurs imprévisibles comme la sécheresse, le coût du fourrage et la taille des troupeaux.
Dans le cas du bœuf canadien, nous commençons à peine à voir les effets d’une sécheresse de plusieurs années s’atténuer, mais la reprise de l’offre prend du temps.
Les données récentes de Canfax montrent que le coût d’élevage d’un seul veau a augmenté de 30 % au cours des cinq dernières années. Les troupeaux se sont rétrécis. Et pourtant, grâce à une forte demande des consommateurs, le cycle commence à se renverser.
Voici ce qui ne fait pas toujours les manchettes : chaque fois qu’un consommateur choisit du bœuf canadien — qu’il s’agisse d’un faux-filet sur le gril en été ou d’une poitrine braisée dans la mijoteuse en hiver — il contribue directement à la reprise de la chaîne d’approvisionnement. Ce soutien crée un effet d’entraînement : la demande au détail maintient les transformateurs en activité, les transformateurs créent de la place dans les parcs d’engraissement, les parcs recommencent à acheter des veaux, et les producteurs retrouvent la confiance nécessaire pour agrandir leurs troupeaux.
Ce n’est pas qu’une histoire de bœuf
Chez Prime Capital, nous observons ces dynamiques dans de nombreux secteurs. L’agriculture n’est qu’un exemple parmi d’autres de la façon dont les investissements à long terme, la patience stratégique et la participation des consommateurs contribuent à la reprise et, ultimement, à la normalisation des prix.
Nous parlons souvent de « suivre le cycle », mais il est important de se rappeler ce que cela signifie vraiment. Les cycles ne sont pas que des chiffres sur un graphique : ils représentent des réalités vécues par les producteurs, les investisseurs, les prêteurs et les consommateurs. Une correction de marché ne se produit pas en appuyant sur un interrupteur. C’est une réaction en chaîne qui commence aux extrémités et se propage vers le centre.
Dans bien des cas, ce sont les consommateurs, simplement en continuant d’être présents, qui déclenchent l’élan de reprise.
Remercier les acteurs discrets du marché
Depuis notre perspective en capital privé, nous avons tendance à nous concentrer sur les indicateurs macroéconomiques, les flux de capitaux et les attentes de rendement. Mais parfois, il faut élargir notre champ de vision.
Oui, les investisseurs stratégiques alimentent l’innovation. Oui, les prêteurs soutiennent le fonds de roulement lorsque les producteurs sont à bout de souffle. Oui, les politiques publiques jouent un rôle. Mais chaque achat individuel — le morceau de poitrine acheté un vendredi après-midi ou la queue de bœuf choisie pour le souper du dimanche — est ce qui maintient les industries en mouvement.
Alors, tirons notre chapeau aux consommateurs canadiens. Vous n’êtes pas à blâmer pour la hausse des prix. Vous faites partie des raisons pour lesquelles ils finissent par redescendre.
Dernière réflexion : les cycles récompensent la patience
Dans l’agriculture, sur les marchés financiers et dans le monde des affaires, une vérité demeure : les cycles récompensent ceux qui persévèrent. Que vous investissiez dans des terres d’élevage, des technologies ou des entreprises émergentes, les meilleurs résultats proviennent toujours de décisions fondées sur une vision à long terme plutôt que sur la volatilité à court terme.
Soutenir les producteurs quand c’est le plus difficile, faire confiance au cycle lorsqu’il ralentit et demeurer curieux lorsque la tentation de se désengager est forte — voilà les marques d’un succès durable.